Abdou Diop : « La Zlecaf a franchi une nouvelle étape dans son opérationnalisation »
Lors du dernier sommet de l’Union Africaine qui s’est tenu en ce mois de février 2023, le sujet de l’accélération de la Zone de libre échange intercontinentale (Zlecaf) a été un sujet central. Abdou Diop, Managing Partner de Mazars au Maroc analyse et fait le point avec le journal « Le Matin » sur l’avancement de ce grand projet continental. Il y aborde, entre autres, son opérationnalisation, les volets relatifs à la protection des investissements, le rôle de la Chine, l’interconnectivité, le rôle du secteur financier et les actions menées par le patronat marocain (Abdou Diop y est le Président de la Commission Afrique ).
Extrait de l'interview
« La Zlecaf a franchi une nouvelle étape dans son opérationnalisation »
La Zlecaf a été lancée il y a deux ans. Comment évaluez-vous son opérationnalité durant ces deux ans ? Peut-on dire qu’il y a aujourd’hui des prémices d’impacts positifs sur les pays de cette zone ? Si oui lesquels ?
Je ne peux que me réjouir des grandes avancées qui ont été menées au cours de ces derniers mois notamment pour l’opérationnalisation de la Zlecaf. C’est une première où sept pays* – Cameroun, Egypte, Ghana, Maurice, Kenya, Rwanda et Tanzanie – dont le système douanier est en adéquation avec les procédures exigées par la Zlecaf, ont été identifiés pour adhérer à un projet pilote, la Guided Trade Initiative ( GTI). Cette initiative de produits guidés permettra de faire du commerce préférentiel et tester les environnements opérationnel, institutionnel, juridique… Dans ce cadre, ils ont décidé d’entamer des échanges commerciaux à des tarifs préférentiels sur une centaine de produits comme relevant de différents secteurs : pharmaceutique, alimentaire, sidérurgique… Plus en détails, nous avons assisté à l’exportation de climatiseurs égyptiens vers le Ghana, de thé kenyan vers des pays de l’Afrique de l’Ouest, de safous séchés, ananas séchés et thé au gingembre camerounais vers le Ghana. Avec cette initiative, près de 96 produits (agricoles, climatiseurs, produits manufacturés et carrelage, produits de beauté, boissons alcoolisées, … ont obtenu le label de « made in Zlecaf », un label qui exige que le produit soit au moins de 40% de contenu local. Il y a également la plateforme Africa Trade Exchange (Atex) qui est aussi entrée dans sa phase d’opérationnalisation active. Cette plateforme B2B et intergouvernementale a été développée par la Commission économique africaine, la Banque africaine d’import-export ( Afeximbank) en partenariat avec la Commission de l’Union africaine et le Secrétariat de la Zlecaf. Elle permet de mettre en relation acheteurs et fournisseurs. Plus d’une centaine de fournisseurs et plus de 200 acheteurs africains y figurent déjà. Aussi, la mise en place par des groupes comme l’OCP de plateformes industrielles pour les engrais agricoles dans des pays comme le Nigéria, la Côte d’Ivoire ou l’Ethiopie permettront-elles de développer davantage le business intra-africain. Nous avons également le cas des Communautés Economiques Régionales (CER) des Etats de l’Afrique de l’Ouest, de la Communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale ou la Communauté de développement d’Afrique australe qui, malgré le fait que chacune évolue à un rythme différent de l’autre, réalisent des avancées importantes et sont une pierre dans l’édifice de construction et d’opérationnalisation de la Zlecaf. Tous ces projets sont lancés. On est passé à la phase de concrétisation et cela augure de belles perspectives vers l’intégration régionale du Continent. Quelques défis restent néanmoins à relever comme la mise en place de système d’information sur le commerce, le développement des infrastructures…
*Les sept pays ont été rejoint par la Tunisie
Où en sont les programmes de convergence juridique ? Qu’en est-il des volets importants comme la protection des investissements, la propriété intellectuelle et industrielle
Suite à cette étape qui a été franchie dans le commerce intra-africain, vient celle où il faudra négocier (en cours) la mise en place des textes juridiques relatifs à la phase deux de la Zlecaf qui comprend le protocole sur l’investissement, sur la propriété intellectuelle et la concurrence. Des drafts ont été élaborés pour certains textes comme le protocole sur l’investissement et devra être soumis lors de la prochaine session ordinaire de la Zlecaf prévue bientôt. La phase 3 comprendra quant à elle le protocole sur le commerce électronique.
Pour lire la totalité de l’interview dans le numéro spécial du Matin « Maroc-Afrique : la position de hub continental du Royaume se consolide » Le Matin