La micro-épargne numérique, un catalyseur pour l'inclusion financière en Afrique
Le développement des nouvelles technologies a favorisé le développement des services financiers numériques ces dernières décennies en Afrique. Ces services numériques financiers ont un rôle crucial à jouer dans l’émergence de l’économie africaine dans la mesure où ils offrent, selon de nombreux experts, un immense potentiel pour surmonter les défis actuels du développement en Afrique. En effet, des millions de personnes jusqu’ici exclues ou mal desservies sont en train d’opérer une transition, grâce à l’utilisation de téléphones mobiles et autres technologies numériques, entre les transactions en espèces et les services financiers formels.
Cette transition, même si elle se fait lentement, est le fruit de l’émergence des fintechs africaines suite à la pandémie du Covid-19, qui ont réussi à créer un écosystème visant à booster l’expansion des services financiers numériques. Selon la base de données Global Findex 2021, les restrictions de déplacement liées à la COVID-19 et les réticences sanitaires entourant le maniement des espèces ont largement contribué à booster l’expansion des services financiers numériques dans les pays en développement.
Il va sans dire que les solutions de paiements mobiles constituent la porte d’entrée vers des services financiers innovants qui vont accroître l’inclusion financière en Afrique. D’où la nécessité pour les gouvernements d’agir davantage pour favoriser cette expansion des services financiers numériques parmi lesquels figure notamment la micro-épargne numérique. « L’épargne digitale est pourtant cruciale : elle aide les particuliers à prouver leur solvabilité en vue d’une demande de prêt, encourage l’augmentation des dépenses de consommation et conduit à l’investissement. Les dépôts des clients peuvent être mobilisés pour élargir le crédit aux entreprises locales et investir dans des titres d’État, des obligations d’entreprises ou des fonds de pension afin de soutenir la croissance économique », explique Osamudiame Adams, Partner chez Mazars.
Pour favoriser la micro-épargne, Osamudiame Adams estime que des efforts combinés des gouvernements, des régulateurs, des fintechs et des institutions financières traditionnelles sont nécessaires pour promouvoir l’adoption de l’épargne digitale, protéger les dépôts des clients et canaliser les capitaux au profit d’un développement à échelle nationale. « La jeunesse de la population africaine, avec un âge médian de 19 ans, et l’augmentation du taux de pénétration de la téléphonie mobile (43 % en 2022 et 50 % en 2030 selon les prévisions) offrent aux fintechs une formidable opportunité de digitaliser l’épargne », poursuit-il.
Notons que l’épargne numérique peut permettre aux personnes vivant dans des zones éloignées ou mal desservies d'accéder facilement à des comptes d'épargne via des appareils mobiles, éliminant ainsi le besoin de se rendre physiquement dans une agence bancaire. De nombreux experts soulignent aussi que l'épargne numérique ouvre la voie à l'inclusion financière en permettant à ceux qui n'ont pas traditionnellement accès aux services bancaires de commencer à épargner et à accumuler des actifs, ce qui contribuerait à réduire la pauvreté en permettant aux individus d'avoir un filet de sécurité financière.
Il va sans dire que l'épargne numérique représente un outil intéressant pour promouvoir l'inclusion financière, stimuler l'investissement et la croissance économique, et renforcer la sécurité financière des individus en Afrique. Toutefois, pour y arriver, le secteur privé a un rôle primordial à jouer. Les fintechs peuvent, dans ce sens, développer des produits qui répondent aux attentes des populations grâce à l’innovation. « Au Nigeria par exemple, la fintech Sparkle a développé une plateforme d’épargne digitale collective, baptisée Esusu, qui s’inspire des associations informelles du peuple Yoruba », illustre Osamudiame Adams, ajoutant que ces produits doivent au préalable gagner la confiance des populations.
Il va plus loin en faisant remarquer également que les banques commerciales ainsi que les assureurs ont un rôle fondamental à jouer pour rassurer les épargnants digitaux en leur montrant que leurs actifs sont protégés contre la volatilité des monnaies locales. « Les micro-investissements sur les plateformes fintech représentent la prochaine étape dans l’évolution de l’épargne. Mais là encore, des partenariats doivent être établis entre les différents acteurs du secteur », conclut Osamudiame Adams.