Bonnes pratiques en matière de droit du travail : le télétravail entre flexibilité et contrainte

Ce quatrième article, consacré aux bonnes pratiques à suivre, explore le droit au télétravail face à une demande croissante des employés. Ceux-ci aspirent, en effet, à une plus grande liberté quant au choix du lieu de travail, à la flexibilité des horaires et à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle grâce aux moyens techniques actuels.

Cette évolution peut cependant comporter des risques importants pour les entreprises si ces dernières n’ont pas mis en place les bonnes directives et processus.

Télétravail : les situations fréquemment rencontrées

De par la loi, l’employeur n’a aucune obligation de permettre à ses employés de télétravailler même si, dans les faits, de plus en plus d’entreprises octroient cette possibilité à leurs collaborateurs.

Nous constatons néanmoins que très fréquemment le télétravail repose uniquement sur des principes oraux sans aucune définition précise des limites (ex : pourcentage de télétravail autorisé, lieu, nombre de jours par an, etc.) dans des directives, un règlement du personnel ou le contrat de travail de l’employé. Agir de la sorte, sans avoir pris en compte l’ensemble des risques auxquels l’entreprise s’expose, peut avoir des conséquences lourdes en termes financiers (ex : assujettissement à la sécurité sociale d’un autre pays, création d’un établissement stable à l’étranger, conséquences sur le prélèvement de l’impôt à la source, etc.) et légaux (ex : revendication d’un droit au télétravail, protection de la santé du travailleur, problématiques d’enregistrement du temps de travail, soumission du contrat au droit, respectivement aux tribunaux d’un autre pays, etc.).

De plus, les entreprises méconnaissent en quoi consiste exactement le télétravail tant au sens du droit fiscal que des assurances sociales (ex : télétravail depuis le domicile versus travail à distance depuis le lieu de vacances).

Nos recommandations

Il est essentiel pour l’entreprise de procéder par étapes, soit :

1.    Comprendre la notion de télétravail.

2.    Déterminer ce qu’elle souhaite mettre en place dans l’idéal (ex : nombre de jours autorisés, régularité, cumul possible, droit de travailler depuis le lieu de vacances pendant une certaine durée en sus des jours de télétravail, etc.). Il arrive également que les entreprises profitent de la mise à jour/l’introduction des règles en lien avec le télétravail pour procéder à une vérification et refonte complète de leurs documents contractuels.

3.    Vérifier, en prenant en compte les éléments spécifiques liés à ses employés (ex : domicile à l’étranger, voyages professionnels réguliers, nationalité, temps partiel, etc.) quelles restrictions doivent être adoptées et quels éléments doivent être absolument réglementés. Dans ce cadre, il y aura lieu, par exemple, d’analyser, sur la base des pratiques concrètes de l’entreprise, si :

  • un nombre de jours maximum par semaine ou par année civile doit être imposé (ex : pour les employés domiciliés à l’étranger ou ceux qui voyagent régulièrement hors de Suisse) ;
  • un remboursement des frais d’installation ou une compensation des charges liées à l’endroit permettant le télétravail doit être octroyé (ex : suppression de la place de travail de l’employé) ;
  • certains employés doivent se voir refuser le droit de télétravailler ;
    le télétravail présente des risques en termes de protection des données et de confidentialité pour l’entreprise ;
  • le système d’enregistrement du temps de travail en place au sein de l’entreprise permet de vérifier les règles applicables, respectivement d’enregistrer les jours de télétravail.

4.    Concrétiser sous la forme d’un document écrit qui peut être soit unilatéral (ex : directive) ou bilatéral (ex : avenant au contrat de travail, règlement du personnel, etc.) les règles applicables au télétravail au sein de l’entreprise.

5.    Implémenter les nouvelles règles définies auprès des employés. Cette étape peut également nécessiter de prendre en considération d’autres contraintes telles que la nécessité de procéder à un congé-modification ou de respecter les règles sur le licenciement collectif.

Comment pouvons-nous vous aider ?

Afin de gérer au mieux les risques liés au télétravail, nous pouvons :

  • procéder à un audit des règles mises en place, identifier les risques et proposer des solutions ; 
  • vous aider à rédiger une politique relative au télétravail, respectivement vous accompagner dans la modification de celle qui est déjà en place ;
  • vous accompagner dans l’implémentation ; 
  • organiser une ou plusieurs formation(s) interne(s) afin de sensibiliser les personnes en charge des ressources humaines sur ce sujet et leur donner les outils pour reconnaître les situations à risque ;
  • en cas de litige concret avec un employé (ex : demande de dédommagement de certains frais, exigence de travailler depuis son lieu de vacances, assujettissement par un pays étranger à la sécurité sociale, problématiques en lien avec l’impôt à la source, etc.), vous aider à analyser le cas et vous recommander la meilleure approche pour protéger vos intérêts.

En adoptant une approche proactive, les entreprises peuvent s'assurer que le travail à distance reste un atout plutôt qu'un risque, en équilibrant flexibilité avec sécurité juridique et opérationnelle.

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