La féminisation des instances exécutives dans les grandes entreprises allemandes

Bien que le pays fut dirigé par une femme - Angela Merkel - pendant 16 ans, l’Allemagne accuse un grand retard dans la représentation des femmes au sein des directions d’entreprise.

C’est de ce constat et malgré les réticences du parti chrétien-démocrate que le gouvernement allemand de la grande coalition avait décidé, en début d’année 2021, d’imposer des quotas féminins au sein des comités exécutifs en adoptant la loi parité dans les fonctions exécutives II [Zweite Führungspositionen-Gesetz (FüPoG II)]. A cette époque, les femmes occupaient environ 12% des sièges des comités de direction des grands groupes contre 22% en France.

Entrée en vigueur le 12 août 2021, cette loi oblige les entreprises (cogérées) allemandes employant plus de 2 000 salariés et cotées en Bourse à nommer au moins une femme dans les comités de direction comprenant plus de trois membres. Pour les entreprises publiques, la participation des femmes est obligatoire dès lors que les directoires recensent au moins 2 sièges.

En réalité, la question des quotas des femmes dirigeantes est plus ancienne puisqu’une première loi de 2015 entrée en vigueur au 1er janvier 2016 obligeait déjà les grandes entreprises cogérées et cotées en bourse à accueillir au moins 30% de femmes au sein des conseils de surveillance. Depuis, le gouvernement avait misé sur une politique d’incitation pour encourager la parité entre hommes et femmes. Et pourtant, en 2021, l’Allemagne était classée 12e (sur 19) de l’indice de diversité des genres mesuré par l’association European Women on Board (la France arrivant en 2e position après la Norvège).

D’où vient le retard de l’Allemagne sur la France ? Aspects culturels, fiscalité et qualité de la garde d’enfants sont les facteurs les plus importants. Tandis que le taux de femmes au sein du marché du travail en Allemagne est plus élevé que dans la moyenne des pays industrialisés, plus du tiers d’entre elles travaillaient à temps partiel en 2019.

Un an après l’entrée en vigueur de la loi, on constate que les comités de direction ne se féminisent que très doucement. Au 1er septembre 2022, la fondation AllBright Stiftung recensait 99 femmes pour 599 hommes dans les comités de direction des 160 entreprises cotées, soit un taux de féminisation de 14,2% contre 13% un an plus tôt. Le nombre de femmes à la tête d’entreprises cotées quant à lui s’élevait à 9 seulement.

Néanmoins, il semble que la loi a permis de faciliter l'accession des femmes aux postes à responsabilités directement depuis l'intérieur de l'entreprise puisque 55% des femmes membres des comités de direction proviennent de promotions internes.

Auteur : Florence Schlensog

Sources:

  • https://www.zeit.de/wirtschaft/2022-01/frauen-quote-vorstand-managerinnen-dax
  • https://www.ey.com/de_de/news/2022-pressemitteilungen/07/frauenanteil-in-deutschen-vorstandsetagen-erreicht-rekordniveau1
  • https://www.manager-magazin.de/unternehmen/frauenquote-und-fuepog-ii-jeder-fuenfte-dax-vorstand-ist-weiblich-a-7dfc7e34-7359-4fd0-856e-429b5809e7e1
  • https://www.dw.com/de/frauen-in-f%C3%BChrungspositionen-was-hat-sich-2021-getan/a-60228140
  • https://www.radiofrance.fr/franceinter/l-allemagne-souhaite-plus-de-femmes-a-la-tete-des-grandes-entreprises-8228898
  • https://www.usinenouvelle.com/editorial/en-allemagne-la-loi-sur-les-femmes-aux-postes-de-direction-en-debat-au-parlement.N1066199
  • https://www.lefigaro.fr/vox/politique/en-allemagne-les-quotas-de-femmes-en-entreprise-ne-font-que-masquer-les-vrais-obstacles-20210125
  • https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/entreprises-lallemagne-a-la-traine-en-matiere-de-feminisation-1165730
  • https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/ceo-en-allemagne-ou-sont-les-femmes-1406630
  • https://www.allbright-stiftung.de

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