Une initiative franco-allemande : Le grand est et l’Allemagne dans la relance de l´emploi transfrontalier
Relance de l´emploi transfrontalier
Les chiffres parlent d´eux-mêmes avec un taux de chômage de 10,4% dans la région française Grand Est (1er trimestre 2016) contre en moyenne 4% dans les Länder allemands frontaliers (Bade-Wurtemberg 3,9%, Rhénanie-Palatinat 5,4%, région d´Ortenau 3,5% au 31 mars 2016) ainsi que de nombreux postes non pourvus côté allemand (Bade-Wurtemberg : 89053, Rhénanie- Palatinat : 32075, région d´Ortenau : 2986 au 31 mars 2016) mais aussi un vieillissement de la population allemande qui accroit la demande de main-d´oeuvre. Les conditions d’une relance de l’emploi transfrontalier semblent favorables au vu de ces indicateurs.
Les dernières décennies ont enregistré un recul de l’emploi transfrontalier à cause entre autre de la barrière de la langue, des difficultés de mobilité et des difficultés à accéder aux postes qualifiés. Voici les principaux projets proposés par l´Allemagne, la France et l´Union européenne à ce sujet.
Les projets INTERREG V
Le Lundi 10 octobre 2016 ont été présentés à Strasbourg 2 projets INTERREG V « Réussir sans frontières – Erfolg ohne Grenzen » et « Eurodistrict Strasbourg – Ortenau » afin de favoriser l´emploi transfrontalier dans le Rhin supérieur et l´accès aux opportunités de formation professionnelle.
Interreg est un programme européen visant à promouvoir la coopération entre les régions européennes et le développement de solutions communes dans les domaines du développement urbain, rural et côtier, du développement économique et de la gestion de l’environnement. Il est financé par le Fonds européen de développement économique régional (FEDER). L'actuel programme se dénomme Interreg V, il couvre la période 2014-2020.
Réussir sans frontière – Erfolg ohne Grenzen : Porté par la région Grand Est, le projet a pour but à travers de nouvelles méthodes de formation de faciliter l´accès au marché du travail transfrontalier des jeunes et des demandeurs d´emploi dans le Rhin supérieur. Le projet concerne 33 Partenaires et prévoit des mesures concrètes: l´amélioration de la visibilité des opportunités transfrontalières, l´accompagnement des candidats avec des cours de langues, des formations adaptées à la double culture, le soutien dans la recherche d’emploi et l´aide à la mobilité. Le projet veut ensuite faciliter le recrutement et le fluidifier en servant de plateforme entre les personnes souhaitant travailler en Allemagne et les entreprises allemandes prêtes à les recruter afin d´établir plus facilement les contacts et faire valoir les compétences acquises en formation ou par des expériences professionnelles antérieures.
Eurodistrict Strasbourg – Ortenau : Ce projet a pour but de rééquilibrer le marché de l´emploi dans
l´eurodistrict Strasbourg – Ortenau (10,2% de taux de chômage du côté français contre 3,5% du côté allemand) avec comme plan d´action d´assurer une meilleure visibilité aux opportunités d´emploi dans l´Ortenau, la mise en place d´une équipe de trois conseillers au sein des missions locales du territoire dédiée au marché de l´emploi transfrontalier ainsi qu´un réseau d´une vingtaine de référents de proximité. Les employeurs de l´Ortenau seront également mobilisés pour des échanges de bonnes pratiques ainsi que l´accompagnement à l´intégration des travailleurs transfrontaliers.
La « Frankreichstrategie » du Land de Sarre
Le land de Sarre a lancé fin 2013 la « Frankreichstrategie », projet qui a pour but d´instaurer d´ici 2043 la langue française comme deuxième langue courante et de formation du Land. Cet objectif inédit en Europe d´enseigner la langue de son voisin en l´espace de trois générations veut permettre un plus grand échange économique et culturel entre les deux régions. Le Grand Est étant fortement touché par le chômage et les régions frontalières allemandes connaissant une faible démographie avec des prévisions de déficit d´actifs à hauteur de 450.000 personnes d´ici 2030 et d´un manque global de main-d´oeuvre, les enjeux transfrontaliers sont de taille. La Sarre veut par cette action devenir un portail entre l´Allemagne et la France et marquer son autonomie vis-à-vis des autres Länder allemands.
En réponse au projet sarrois, le conseil régional de Lorraine a élaboré une « stratégie Allemagne » basée sur les mêmes principes d´intensification d´apprentissage de la langue ainsi que sur l´échange culturel et économique. L´idée est parvenue jusqu´au conseil régional Grand Est qui a décidé de consacrer 629.000 euros à la coopération transfrontalière.
Ce qui a été réalisé jusqu´à présent
Depuis 2013, les premiers pas ont été faits :
- Des services de placement transfrontaliers ont étés mis en place entre Pôle emploi et les Arbeitsagenturen allemandes.
- 13 apprentis lorrains font leur formation pratique en Sarre.
- Huit jeunes alsaciens sont formés pour 4 ans, à l´aciérie BSW à Kehl.
- L´Alsace et la Lorraine ont signé avec les Länder voisins des accords permettant d´effectuer des stages de
l´autre côté de la frontière, une quarantaine d´étudiants en profitent dans le cadre de BTS en alternance. - Certaines écoles primaires sarroises enseignent le français dès le CP et les enseignants chargés de l´apprentissage du français à l´école primaire sont en formation à l´université de la Sarre.
- Des connaissances en français font désormais partie des critères d’embauche dans l´administration sarroise et une formation linguistique est proposée à tous les fonctionnaires, des citoyens français peuvent également être employés pour certaines tâches dans l´administration.
A ce stade, le potentiel qu´offre ces projets n´est pas encore totalement exploité, peut-être aussi parce que ces projets n´ont pas encore eu toute la publicité nécessaire.
Auteur
Maxime Choain
Sources: