Les enjeux sectoriels et méthodologiques d’une transition économique et financière durable
Tout d’abord, il est impératif que chaque acteur financier définisse ses propres objectifs et leurs moyens de réalisation. A ce titre, en matière de développement et de gestion des portefeuilles, une banque ne saurait adopter la même stratégie qu'une compagnie d'assurance ou qu’un investisseur institutionnel. Si les actions en faveur de la baisse des émissions carbone se multiplient – avec pour conséquence l’accroissement de la demande de financements verts –, il est indispensable que chaque produit financier soit adapté aux spécificités sectorielles.
Il n’est toutefois pas aisé d’évaluer l’impact de certaines activités financières telles que l’investissement ou la souscription de prêts. En effet, bien qu’un nombre croissant de mesures et de méthodologies visent à évaluer leur caractère durable, les résultats peuvent diverger. Ils sont par ailleurs souvent mal compris des investisseurs, tous ne maîtrisant pas les hypothèses sous-jacentes des modèles scientifiques. Autrement dit, malgré la prise de conscience quant à la nécessité de se concentrer sur des mesures qui reflètent mieux les objectifs de durabilité, les méthodologies actuelles laissent une place trop importante à l'interprétation, ce qui constitue un obstacle à leur adoption.
La transparence de l’information et la reconnaissance officielle des actifs verts : deux leviers contre l’incertitude
La capacité des institutions financières à mobiliser des fonds pour des activités durables dépend de la transparence et de la communication des entreprises dans lesquelles elles investissent ou auxquelles elles prêtent des capitaux. C’est dans cette logique qu’a été pensé par l'EFRAG le principe de double matérialité, outil qui ambitionne d’aider les entreprises à clarifier leurs méthodes de reporting extra-financier d’un point de vue à la fois interne et externe.
Des sessions consacrées à la finance se sont tenues lors de la COP27 afin de rendre compte du travail accompli et de franchir certains obstacles, à commencer par l'absence de reconnaissance officielle des actifs verts – absence expliquant en partie les réticences des acteurs financiers à investir dans des activités durables jugées trop risquées. Tout l’enjeu réside donc dans le fait de limiter cette incertitude et d'accroître la fiabilité financière des projets verts en leur appliquant la même rigueur réglementaire que celle en vigueur pour les investissements classiques. C’est précisément pourquoi l’intervention des régulateurs est essentielle pour renforcer la confiance et inciter les acteurs financiers à mobiliser des capitaux.
Conscient des enjeux et de l’urgence climatique, le secteur financier a incontestablement entamé sa transition vers une économie plus soutenable, accompagné par les acteurs institutionnels dans la mise en place d’un cadre réglementaire précis. En effet, ce n'est qu'en collaborant, en avançant et en apprenant ensemble que les défis de la durabilité pourront se transformer en opportunités. Espérons que grâce à la COP27 les organisations et acteurs financiers aient réussi à se saisir des éléments nécessaires à l’accélération de leurs ambitions et actions en matière de durabilité.