Article | Les résultats du stress test climatique de l’ACPR 2023

Juillet 2024 | En 2020, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) a mis en place un stress-test de nature inédite de par les risques pris en compte et l’horizon considéré, visant à faire un état des lieux de la vulnérabilité des banques et des organismes d’assurance français aux différents risques climatiques.

Les objectifs de l’exercice 2023


Après la publication de l’exercice pilote du stress test climatique de l’ACPR en 2021, les résultats du second stress-test climatique, adressé exclusivement aux organismes d’assurance, viennent d’être publiés. Ce nouvel exercice a plusieurs objectifs :

  • Renforcement de la capacité des organismes d’assurance à anticiper les impacts à court, moyen et long terme et à adapter leur stratégie en conséquence ;
  • Amélioration des outils d’analyse du risque climatique à disposition des assureurs et du superviseur ;
  • Exploration de nouvelles dimensions dans les évaluations du risque climatique via l’étude de l’impact d’hypothèses extrêmes mais plausibles sur le court-terme, l’analyse qualitative et quantitative du risque d'inassurabilité sur le long-terme et la prévention des conséquences du changement climatique.


Les différences avec l’exercice pilote de 2020

L'exercice ST climatique 2023 de l'ACPR diffère par plusieurs points de l'exercice pilote. Plusieurs améliorations sont à noter notamment :

  • Périmètre d'étude : les assureurs français ;
  • Prise en compte de risques extrêmes et sur les incertitudes liées aux projections via le quantile à 98% du RCP 4.5 ;
  • Meilleure prise en compte du risque physique chronique à l'actif des assureurs (amélioration des scénarios du NGFS) ;
  • Distinction entre les facteurs d'augmentation de la sinistralité (aléas, évolution des enjeux assurés, inflation) ;
  • Mesure du comportement des assurés lorsque les primes augmentent ;
  • Scénario contrefactuel de référence sans risque climatique ;
  • Une première estimation de l'impact du risque climatique sur la solvabilité des assureurs dans un scénario de court terme ;
  • Analyse du risque d'inassurabilité via un questionnaire rempli par les assureurs ;
  • Mise à la disposition des assureurs un scénario adverse de court-terme, incluant le risque physique et de transition, leur permettant d'avoir un scénario compatible avec leur horizon de planification et de décision stratégique.

 

Les chiffres clés

L’exercice 2023 de l’ACPR a été réalisé sur 15 groupes, 22 entités qui représentent 90% du total du bilan du marché français. 3 scénarios (1 de court terme et 2 de long terme) ont été 
mis en œuvre :

Scénario de court terme (2022-2027)

  • La séquence d’événements climatiques extrêmes se traduit par une hausse de la sinistralité (+141% en Cat Nat, +13% en Santé en 2025) qui touche de manière hétérogène le territoire ;
  • Les résultats montrent l’importance de réassurance dans le cadre des sinistres Cat Nat, mais également son insuffisance
  • La mise en œuvre de politiques de transition conduit à un choc financier important aboutissant à une dépréciation de 13% des actifs en 2025 et affectant principalement les actifs bruns ;
  •  La combinaison des chocs physiques et de transition dégrade la solvabilité des assureurs, entraînant une chute de 60 points du ratio de couverture du SCR en 2027. A noter que cette baisse est portée principalement par le choc  financier.

Scénarios de long-terme (2022 – 2050)

  • Les scénarios de LT montrent une hausse de la sinistralité, répartie de manière hétérogène sur le territoire et par type de périls
    • CatNat : +105% (vs. +42% dans le scénario de référence) en 2050 par rapport à 2022 dans le scénario le plus adverse ;
    • Prévoyance : +89% (vs. +11% dans le scénario de référence) en 2050 par rapport à 2022 dans le scénario le plus adverse ;
  • Impact financier important : dépréciation de 3,5% des actifs en 2050 entre le  scénario de transition et le scénario de référence ;
  • La hausse de la sinistralité est modérée avec la réassurance. Toutefois, son  impact reste insuffisant ;
  • La taille du bilan et de l’excédent d’actif sur le passif croît, du fait de la croissance des  actifs au rythme de l’inflation. L’impact des scénarios adverses concernant l’excédent d’actif sur le passif est mineur (-4,9% en 2050 dans le scénario Below 2°C par rapport au scénario de référence)
  

La hausse de sinistres CatNat induite par ces scénarios est très importante dans les départements français les plus touchés (sinistralité 2 à 5 fois plus élevée), entraînant une augmentation des primes de 130% à 200% sur 30 ans. Ceci confirme l’existence d’un risque d’inassurabilité significatif.

 

 

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Rédacteurs

Alice THOU - Associée - Actuariat Assurance

Ismaël TAHRI HASSANI - Senior Manager - Actuariat Assurance

Contributeurs

Léonard AGBEDJINOU - Senior - Actuariat Assurance

Thomas KERMORVANT - Junior - Actuariat Assurance

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