La santé mentale, un enjeu majeur de santé publique
Les troubles psychiques sont fréquents : ils touchaient plus d’une personne sur dix de la population mondiale il y a déjà 5 ans[1].Une prévalence qui n’épargne pas notre pays, puisqu’aujourd’hui, un Français sur cinq se dit être touché par un trouble psychique[2].
Malgré cela, une grande majorité demeure mal informée : idées reçues, incapacité à identifier les premiers signes de troubles psychiques, ignorance des structures ou professionnels à contacter en cas de besoin etc. Résultat : de nombreuses personnes atteintes ne sont aujourd’hui pas prises en charge, ou bien le sont trop tardivement. Ces fossés entraînent de lourds impacts sociaux chez les personnes souffrant de troubles et/ou de maladies psychiques, à noter des conséquences sur l’espérance de vie (réduite de 13 ans chez les femmes et de 16 chez les hommes) et une mortalité prématurée avec un taux de suicide parmi les plus élevés des pays européens de développement comparable.
Aujourd’hui, l’ensemble des acteurs des secteurs sanitaire, social et médico-social témoignent des lacunes d’un système à bout de souffle qui ne permet plus – ou insuffisamment – de proposer une bonne prise en charge du malade[3],par exemple :
- L’absence d’actions de prévention en matière de soins et d’éducation à la santé ;
- Une accessibilité aux soins en psychiatrie et santé mentale limitée, caractérisée par une densité de psychiatres très inégale sur les territoires[4],des centres médico-psychologiques engorgées et des équipes surchargées[3].
- Un manque d’investissement pour la recherche en psychiatrie et santé mentale[5].
En témoignent les 23.4 milliards d’euros de dépenses en France au titre des maladies psychiatriques et de la consommation de psychotropes, soit le premier poste de dépense de l’assurance maladie[2], le sujet de la santé mentale est central pour les politiques publiques.
Les Assises, marqueur phare d’un intérêt accru des autorités publiques pour la santé mentale
Très attendues par l’ensemble des parties prenantes, les Assises de la Santé Mentale et de la Psychiatrie marquaient le premier temps de débat national sur le sujet, avec pour ambition de tracer un chemin vers une transformation du regard et de l’offre de soins et d’accompagnement en santé mentale. Soulignant le sous-investissement dont souffre le secteur depuis plus années, le Président affirmait sa volonté d’agir en annonçant 30 mesures fortes, regroupées autour de trois priorités :
- Le développement de la prévention et de la déstigmatisation, notamment à travers le déploiement de programmes de Premiers Secours en Santé Mentale et la mise en place d’un numéro vert pour la prévention du suicide actif dès le 1e octobre 2021 ;
- L’amélioration de l’accessibilité et de la qualité des soins par la prise en charge de l’Assurance Maladie des séances chez les psychologues libéraux à partir de 2022 et l’augmentation sur trois ans de postes en centres médico-psychologiques, d’équipes mobiles en EHPAD et d’infirmières en pratiques avancées en psychiatrie ;
- L’accélération de l’innovation en psychiatrie et santé mentale, avec un investissement de 80 millions d’euros pour la recherche et de 20 millions d’euros pour le développement de l’usage du numérique sur la période 2022-2026.
Mais l’intérêt croissant des autorités publiques aux enjeux du secteur ne s’arrête pas à ces annonces, puisque la France accueillait ensuite le Sommet Mondial sur la Santé Mentale les 5 et 6 octobre. Lors de ce second rendez-vous d’envergure, la France assurait à nouveau son engagement, cette fois envers la mobilisation internationale en faveur de la santé mentale, la promotion du respect des droits et la valorisation des expériences innovantes à l’international[6].
Repenser l’offre ensemble
L’innovation est donc primordiale pour l’ensemble des secteurs hospitaliers, médico-sociaux et de la ville afin d’améliorer les prises en charge en santé mentale.
Afin de faire sortir les troubles psychiatriques des seuls murs de l’hôpital, le secteur de la santé se doit de poursuivre son décloisonnement :
- Les communautés professionnelles territoriales de santé et les contrats locaux en santé mentale semblent être des moyens privilégiés pour créer des passerelles entre la ville, le milieu hospitalier et le secteur médico-social ;
- Le lien entre l’hôpital et les structures médico-sociales est également central pour garantir une meilleure fluidité de parcours des usagers.
Ces dynamiques passeront par le développement d’outils numériques au service des accompagnements et par la définition d’une nouvelle offre ambulatoire en cohérence avec les besoins des personnes.
Les annonces gouvernementales appellent à un optimisme certain quant à l’engagement de transformations pour le secteur. Si les différentes annonces permettent d’entrevoir la construction de solutions pérennes pour les professionnels et pour les patients, cet élan doit s’accompagner d’une prise en compte de la santé mentale à tous les échelons du parcours de santé
Article rédigé par Krystyna Gaillard, Manager, Aurélien Perusseau, Manager et Camille Ginet, Consultante chez Mazars.
Références :
- Our World in Data, 2017
- Observatoire-Place de la Santé de la Mutualité française, 2021
- Marion Leboyer et Pierre-Michel Llorca, Psychiatrie : l’état d’urgence, 2018
- Observatoire-Place de la Santé de la Mutualité française, 2021
- Etude FondaMental – URC-Eco “ROAMER : A Roadmap for Mental Health Research in Europe”, 2011
- Ministère des Solidarités et de la Santé, 2021
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