Technologies à impact : le soutien politique est indispensable
En écrivant en 2007 « Réparer la planète, les solutions existent », j’étais convaincu que faire connaître les innovations suffisait pour permettre leur déploiement. Quarante ont donc été présentées pour restaurer le climat, la biodiversité, dépolluer l’eau, l’air, le sol, tout en développant l’économie. Depuis sont sortis une centaine de livres faisant la promotion de startups ou technologies à impact, suscitant admiration et enthousiasme. Pour quel impact réel ?
En juillet 2023 étaient célébrés simultanément le jour du monde avec le plus grand nombre de vols commerciaux et le mois le plus chaud jamais enregistré sur Terre. Aujourd’hui il est scientifiquement établi que la plupart des limites planétaires (climat, biodiversité, pollutions, sols, eau…) sont dépassées et remettent en cause la viabilité de la Terre à court terme.
On peut alors penser que l’impact des solutions technologiques imaginées n’est pas suffisant. De fait, les technologies ont un rôle mais pas tous les rôles. Elles ne peuvent notamment pas se substituer au politique, qui défend l’intérêt général en cadrant l’énergie des entreprises. Garder la hauteur de vue pour répondre à la complexité des enjeux et des intérêts n’a sans doute jamais été aussi difficile, « entre fin de mois et fin du monde ». C’est pourquoi le Pacte Vert de l’Union Européenne suscite d’énormes espoirs.
Les conditions du succès
Une solution pour être déployée doit être identifiée, certes, mais aussi et surtout, soutenue, plébiscitée pour ses qualités environnementales, sociales et/ou sociétales. Ce soutien passe par une combinaison d’influence, de financements, et de cadre législatif. L’influence pour rendre désirable la solution, qui peut être inintelligible ou demander des changements d’habitude. Elle est nécessaire mais pas suffisante.
Les financements pour la faire émerger, de l’idée de laboratoire au prototype prêt à être déployé. Ils sont nécessaires mais toujours pas suffisants. Les lois pour rendre son déploiement possible. C’est ici que le Pacte Vert est radical. Le cadre législatif est l’effet de levier indispensable au passage à l’échelle des solutions.
Pourquoi cela va marcher
Le Pacte Vert de l’Europe est une première mondiale et un atout pour le développement de la résilience de nos territoires et entreprises. Il consiste en une vision d’un développement durable fort, traduite via un cadre institutionnel orientant les investissements (via la taxonomie) et des directives d’applications (CSRD, SFRD, CS3D), pour une mise en place progressive entre 2024 et 2028.
Avec ces trois fées penchées sur leur berceau, les startups à impact ont enfin toutes les conditions réunies pour leur déploiement : la CSRD organise la transparence des informations extra-financières des entreprises, la SFRD favorise les financements verts, et la CS3D impose le devoir de vigilance sur les chaines d’approvisionnement.
Pour restaurer le climat, et le vivant.
Tribune parue dans l'Opinion